Dans le Monde du 24 novembre 2011, on pouvait lire en sous-titre d’un article consacré à la Conférence de Durban sur le climat que « des experts mettent en garde contre un emballement climatique ». Le 1 décembre, le sous-titre de l’article consacré au bilan météorologique de l’année écoulée affirmait «  Les treize années les plus chaudes jamais mesurées sont toutes postérieures à 1996. Celle qui s’achève se classe au dixième rang, malgré l’effet d’une forte Niña. » Le réchauffement climatique s’accélère-t-il en même temps que la concentration de CO2 dans l’atmosphère ne cesse de s’accroître ? Ce n’est pas certain du tout. Mais c’est bien ce que voudraient nous faire croire les deux journalistes du Monde, quitte à interpréter les données de manière plutôt tendancieuses, données qu’ils fournissent eux-mêmes. Ce journal est du côté des « réchauffistes » comme la plupart de ses confrères. Se contentent-ils tous de répéter sans esprit critique le prêt-à-penser que leur livrent les Gourous du GIEC ou de l’OMM ou sont-ils réellement convaincus ? Ou bien encore trop sensibles à l’argument d’autorité : les experts sont experts en la matière dont-ils sont les experts ! N’est-ce pas ? Mais pourquoi donc est-il si iconoclaste de douter alors que les données sont ambigües et leur interprétation sujet à controverse ?


Des Cassandres peu écoutées…

Les sommets sur le Climat se suivent et se ressemblent dans leur incapacité notoire à prendre des décisions concrètes et contraignantes pour « limiter les gaz à effet de serre ». Même les pays qui s’y sont engagés n’ont pas atteint leurs objectifs. Bref, les Terriens continuent de rejeter dans l’atmosphère du CO2. C’est le cas de tous les pays, mais plus encore des pays développés et de ceux qui cherchent à les rattraper à marche forcée. Selon l’OMM, la concentration de CO2 dans l’atmosphère a augmenté de 2,3 ppm (partie par million) en 2010 atteignant la concentration record de 389 ppm. Dans tous les scénarios concoctés par les experts de l’AIEA publiés le 9 novembre 2011 ou du PNUE publié le 23 novembre 2011, la courbe de ces rejets est linéaire et présente une pente ascendante plus ou moins accusée selon que la tendance actuelle se poursuit ou que l’on réussit à la freiner. Ils prédisent un emballement climatique irréversible, catastrophique et dangereux pour le XXIe siècle. Plus alarmistes que jamais, ils assurent qu’il ne reste que quelques années – 5 ans – pour agir, après il sera trop tard.

… d’autant plus alarmistes que leurs boules de cristal se brouillent !

L’alarmisme des experts semble directement proportionnel aux difficultés que rencontrent leurs postulats de base. Ne parlons même pas de ceux qui contestent la notion de réchauffement global. On supposera qu’elle a un sens, au moins pour les besoins de la discussion. La concentration en CO2 continuant de croître, le réchauffement climatique devrait faire que chaque année soit plus chaude que la précédente pour que la courbe conserve une allure semblable à celle qu’elle avait dans la décennie 1980 – 1990 et 1990 – 2000. Nous savons déjà que cela n’est pas le cas que la courbe semble avoir atteint un plateau et que le réchauffement est en panne depuis près de 10 ans maintenant. En tout cas, l’année 2011 n’est qu’à la dixième place des années les plus chaudes jamais mesurées. La dixième alors qu’elle devrait être la première !

Heureusement l’OMM a trouvé l’explication : c’est la faute à la Niña. Et Le Monde se fend d’un beau graphique montrant l’évolution de températures moyennes depuis 1950 qu’il titre « 2011, l’année à Niña la plus chaude ». Et voilà, 2011 n’est pas l’année la plus chaude, c’est l’année à Niña la plus chaude ! Il fallait y penser… D’autant que si le journaliste rappelle que 2010 est l’année la plus chaude à avoir été mesurée, il oublie de dire que 2010 fut une année à Niño (il produit des effets inverses à la Niña) et que 2010 n’a dépassé que de très peu 1998 qui fut particulièrement chaude. Le graphique du Monde montre de façon criante la fameuse « pause » sous la forme d’un plateau après 1998. C’est cette « pause » dans le réchauffement qui met à mal les prédictions du GIEC et des experts associés. Mais évidemment, le journaliste n’y fait même pas allusion. Dans le déni de réalité lorsque cette réalité est dérangeante, la seule presse qui réussit à faire un peu mieux – mais guère, ce sont les journaux et magazines des collectivités territoriales, Conseils généraux, régions, communes, communautés diverses et variées.

De toute façon, parole de climatologue, il faut raisonner en tendance. Selon l’OMM, citée, Ô ironie, dans l’article du Monde du 1 décembre : « La température moyenne de la décennie 2002 – 2011, supérieure à la normale de 0, 46°C, est la plus élevée jamais constatée pour une période de dix ans, à égalité avec la décennie 2001 – 2010 » (souligné par moi, JFD) En d’autre termes, sur ces deux décennies en cause la température n’a pas augmentée. Faudra-t-il attendre encore dix ans avant de reconnaître qu’il y a un problème de corrélation entre l’augmentation de la concentration de C02 dans l’atmosphère et l’évolution de la température moyenne du globe ? Cela est très gênant puisque dans cinq ans au plus tard, il faut avoir pris des mesures drastiques selon les Cassandres du GIEC ! Pour l’instant, il semble que la pause dans le réchauffement perdure et cela est en contradiction avec les prédictions catastrophiques du GIEC et remet en question la cause qu’il attribue au réchauffement climatique, l’augmentation de la concentration de CO2 anthropique dans l’atmosphère. Depuis onze ans la température moyenne a cessé de croître alors que les émissions anthropiques de C02 n’ont pas cessé d’augmenter. Mais il n’y a pas pire sourd que celui qui ne veut pas entendre ! Pourquoi ne porte-t-on pas honnêtement sur la place publique la question de savoir d’où provient ce manque de corrélation ? Pourquoi ne pas vouloir envisager que, peut-être, les émissions anthropiques de C02 ne jouent qu’à la marge des changements climatiques en cours ?

Quelles sont donc les raisons de ce surprenant déni de réalité ?

On peut en énoncer trois assez triviales : la première est que les climatologues ont trop joué les gourous pour se dédire ou seulement admettre en public le doute sur leurs prédictions, des prédictions à un siècle ! Les Gourous et les voyantes ne se trompent pas et ne changent pas d’avis. Les experts non plus d’ailleurs. L’ennui, c’est que les avis de ces derniers diffèrent souvent.
La seconde, c’est que l’AIEA dans le monde, le CEA, AREVA, EDF, etc. en France ont saisi cette théorie du réchauffement climatique d’origine anthropique comme argument de promotion de l’énergie d’origine nucléaire, de l’électricité soit disant « décarbonée », une innovation linguistique et un gros mensonge de leurs services de communication. Car s’il est vrai qu’une centrale nucléaire, une fois construite et approvisionnée en uranium, ne produit pas de CO2, cela cesse d’être vrai si l’on considère, comme on doit le faire, l’ensemble du process de l’extraction du minerai, son raffinement, son transport depuis l’Afrique ou le Canada, la construction de l’usine, des chaudières jusqu’au démantèlement des installations en fin de vie, démantèlement que l’on ne sait d’ailleurs pas faire… La nucléocratie française dont la puissance de lobbying politique est inégalée et dont les positions sont stratégiques dans les instances de la Recherche scientifique ou médicale française a instrumentalisé cette théorie du réchauffement climatique d’origine anthropique pour promouvoir le nucléaire. En France, cela a bien fonctionné et l’on a vu le président de la République, le VRP du nucléaire français à l’étranger, défendre de façon véhémente la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Il n’était pas devenu écologiste pour autant… Non, il voulait vendre ses chaudrons de l’enfer à l’étranger. Dans le monde, grâce à l’AIEA, la promotion du nucléaire pour lutter contre l’effet de serre commençait à porter ses fruits et on assistait naguère à un réveil de cette industrie mortifère, réveil que l’accident de Fukushima a stoppé net.
En France, ces deux raisons de l’intangibilité du dogme du réchauffement climatique causé par les émissions de CO2 d’origine anthropique se cumulent.
Les Gourous français de la climatologie, Jean Jouzel, Valérie Masson-Delmotte travaillent directement ou indirectement dans des Instituts ou organismes de recherche liés au CEA. L’ancienne directrice d’Areva conseillait aux écologistes qui s’opposaient au transport de déchets radioactifs de s’occuper plutôt du réchauffement climatique. De même d’ailleurs et à l’inverse, les sceptiques aux USA ont leurs travaux sponsorisés ou financés par l’industrie pétrolière. Il ne s’agit pas, comme on le fait trop souvent, de dire que ces chercheurs sont vendus mais de constater que si leurs programmes de recherche et les résultats éventuels attendus étaient nuisibles à l’industrie qui les finance, celle-ci cesserait de le faire.
La troisième raison est l’adhésion non critique de beaucoup d’écologistes, au moins en France, à cette théorie de l’origine anthropique du réchauffement climatique. Ils y trouvent un argument de poids en faveur des changements dans les modes de vivre, de consommer et de se déplacer qu’ils promeuvent depuis toujours avec la recherche des économies d’énergie, la substitution des énergies renouvelables dites « douces » au charbon et au pétrole polluants dont les stocks sont limités, mais avec le risque de se trouver aussi en porte-à-faux dans leur rejet d’un nucléaire qui a réussi à se faire passer comme une énergie « décarbonée », cette énergie qui avait séduit un temps Nicolas Hulot et son équipe.
Ces écologistes attaquent les méchants pétroliers qui sponsorisent les recherches des « climato-sceptiques » mais cela ne les gênent pas d’avoir des alliés comme le CEA et Areva pour pourfendre ce « climato-scepticisme » défendu aussi par des chercheurs de renom, comme Marcel Leroux, malheureusement décédé en 2008. C’était pourtant un chercheur que les écologistes « réchauffistes » fanatiques auraient été bien inspirés d’écouter. Il leur aurait peut-être ouvert l’esprit et instillé une dose salutaire d’esprit critique. D’autant que ce chercheur avait un profil qui aurait dû leur plaire. Indépendant par rapport à tous les lobbies, il était professeur émérite de climatologie à l'Université Jean-Moulin de Lyon et directeur du Laboratoire de climatologie de cette université. Mais malheureusement, Marcel Leroux était bien moins médiatique et médiatisé que Jean Jouzel. Ses études sur les anticyclones mobiles polaires sont bien moins vulgarisables et moins people que la théorie de «  l’effet de serre » que tout le monde croit comprendre. En plus, elles ne permettent pas d’affirmer que le ciel nous tombera (ou ne nous tombera pas) demain sur la tête si nous ne changeons pas de conduite et n’adoptons pas des modes de produire, de consommer et de se déplacer plus respectueux de l’environnement, de la nature, des limites de sa capacité à se régénérer et des limites de la planète. Elles ne permettent pas non plus de vilipender l’incurie des gouvernements en place et de se poser face à eux en sauveurs de l’humanité pour convaincre les électeurs et obtenir leurs voix. Bref, la théorie du réchauffement climatique causée par des émissions anthropiques de gaz à effet de serre fait bien leur affaire comme elle fait bien aussi celle des nucléocrates. Le plus curieux c’est que personne parmi ces écologistes ne trouve bizarre cette alliance de fait avec les chercheurs du CEA et les propagandistes d’Areva. Elle est pourtant fondamentalement contre-nature car l’industrie nucléaire civile n’est pas une menace hypothétique dans un avenir mal défini, c’est une menace actuelle et bien réelle contre la vie et ses conditions même de perpétuation. Il y a donc, peut-être, une quatrième raison plus profonde que des raisons de boutique qui fait que cette théorie séduit tant de monde.

Le nouveau visage de Prométhée

Pour la mettre en lumière, nous allons supposer – je dis bien supposer – que les variations climatiques du siècle dernier et du début de ce siècle sont indépendantes des activités humaines. Supposons qu’elles aient des causes cosmiques. Dans ce cas que pourrions faire d’autre que de les subir et tenter de nous y adapter comme tenteront de le faire tous les autres êtres vivants quelle que soit leurs causes ? Combien présomptueux se révélerait l’objectif des sommets mondiaux d’agir sur ces changements et de « réorienter la machine climatique » ! Présomptueux également les objectifs des « agendas 21 » et autres « plans climat » de « lutter contre le changement climatique »… Nous ne pourrions rien faire, ne rien changer au cours des événements. Dans une telle perspective nous serions renvoyés à notre impuissance de minuscules parasites d’une petite boule ne tournant pas très rond dans l’infini de l’Univers. Du point de vue de Sirius que cette hypothèse nous forcerait à adopter, nous ne sommes guère plus importants que les insectes écrasés sur le pare-brise d’une automobile par une chaude soirée de printemps. La Terre se débarrasse de notre espèce prédatrice de ses richesses d’un haussement d’épaule, pardon de température, indifférent comme nous écrasons d’une tape négligente le moustique qui nous importune.
Il faut reconnaître que la plupart d’entre nous manquent trop d’humilité pour accepter une telle image, sinon d’eux-mêmes, du moins de leur espèce. Cette hypothèse froisse l’arrogance prométhéenne de la civilisation occidentale tandis que l’hypothèse d’un changement climatique provoqué par les activités humaines est en parfaite harmonie avec cette arrogance et la flatte. Nous, nos activités, notre industrie, notre technologie ont été assez puissants pour entrainer des modifications globales à l’échelle de la Planète entière dont nous devenons responsables. Nos activités, notre industrie, notre technologie, notre inventivité nous permet de réorienter la machine climatique pour contenir le réchauffement dans les limites que nous avons décidées. En tout cas nous en sommes capables et si nous ne le faisons pas, ce sera parce que nous ne l’aurons pas voulu. Nous pouvons le faire et continuer de produire et de nous reproduire sans limite parce que nous serons assez astucieux pour ne compromettre de façon irrémédiable (pour nous et nous seuls, les hommes) ni les équilibres vitaux, ni un environnement que nous savons déjà restaurer ; parce que nous sommes maîtres et possesseurs d’une Nature que nous modifions selon nos goûts et nos humeurs : c’est le développement durable. Et le développement durable n’est en fin de compte rien d’autre que le rêve (ou le cauchemar) d’une croissance infinie et d’une appropriation totale en vue d’une exploitation intelligente d’une planète réduite à n’être que notre jardin, celui de l’homo sapiens sapiens triomphant à tout jamais.
Telle serait la raison profonde du refus de discuter la thèse « majoritaire » sur l’évolution du climat : l’arrogance prométhéenne de l’homme occidental qui revêt ici une figure assez inattendue.

De même que le productivisme était au siècle dernier l’horizon indépassable des idéologies de droite et de gauche, ce développement durable est devenu l’idéologie indépassable de tous les acteurs ayant un pignon, petit ou grand, sur la scène politique. Face à aux forces qu’ils incarnent, il faut construire une autre écologie non prométhéenne, radicale, une écologie qui n’est qu’un retour à l’une de ses formes que le développement des écologies superficielles, réformistes et environnementalistes ont étouffée ; une écologie qui prend le parti de la nature sur la culture, du sauvage sur le civilisé pour sauver la culture et ses civilisations. Les chemins pour y parvenir sont multiples. L’un d’entre eux, mais ce n’est pas le seul, est de pousser l’écologie superficielle jusqu’à ses extrêmes limites pour les mettre en évidence et être à même de les surmonter.
Dans la pratique, les mesures que les «agendas 21» ou les «plans climat» préconisent sont des mesures qui, à l’exception de celles qui promouvraient le nucléaire, doivent être mises en œuvre de toute façon pour de multiples autres raisons que la « réorientation de la machine climatique », la première de ces raisons étant l’épuisement inéluctable des stocks d’énergie fossile ou minérale. Cette raison-là est impérative, reconnue non seulement par l’ensemble de la galaxie écologiste mais aussi par les constructeurs automobiles qui cherchent fébrilement de nouvelles motorisations qui soient aussi souples, pratiques et puissantes que le moteur thermique à essence ou bien encore par les émirats arabes qui anticipent l’épuisement de leurs gisements pétroliers. L’urgence est bien de passer d’une « énergie de stock » à une « énergie de flux », cette dernière expression étant préférable à celles d’ «énergie douce » ou d’énergie « renouvelable » qui véhiculent des connotations pour le moins trompeuses et dangereuses. En effet, si ces formes d’énergie sont douces et renouvelables, il n’y aura plus de raison de se priver. Dans l’apologie non critique des énergies renouvelables, qui du coup deviennent inépuisables, se cachent trop souvent la démesure et l’arrogance de la civilisation occidentale, son appétit insatiable de cette énergie sur laquelle elle repose, son incapacité à se fixer à elle-même des limites. La hauteur démesurée des mats des nouvelles éoliennes alignées à perte de vue le long d’une autoroute en est, tout à la fois, l’évident symbole et l’hideuse concrétisation.
Et c’est bien là en effet que se trouve le nouveau point de clivage entre les écologistes, en tout cas les écologistes radicaux et les thuriféraires du développement durable : la nécessité physique et morale d’une société de sobriété et notamment de sobriété énergétique, d’une société du « suffisant » et de l’autolimitation des « besoins ».

Dimanche 8 Janvier 2012 Commentaires (2)

Commentaires

1.Posté par Maxime M le 11/01/2012 14:56
Jean-François, j'appartiens comme toi au même courant de pensée et j'apprécie ta contribution à Fontenay-aux-Roses.
Mais je dois dire que ton scepticisme sur le réchauffement climatique me dépasse... Je crois à la science, à l'observation, à la connaissance, à la confrontation des idées, à la démonstration mais pas à l'obscurantisme.

Je reprendrai ci-dessous un extrait du site internet de Jean-Marc Jancovici (je n'approuve pas pour autant ses positions sur l'énergie nucléaire):

"Faut-il croire le GIEC ?
Voilà la question intéressante ! Arrêtons tout de suite le suspense : la réponse est oui.

Les publications officielles du GIEC ont pour seul objet de proposer une synthèse des connaissances scientifiques, qui comprennent à la fois les points qui font consensus et ceux qui font encore débat, sans oublier les incertitudes attachées aux résultats présentés. Ils sont le fruit d'un long débat contradictoire entre experts, qui sont les seuls à même de savoir si une incertitude est gênante ou pas pour formuler une conclusion générale. L'assemblée générale du GIEC, où chaque pays du monde qui dispose d'au moins un scientifique compétent sur le sujet l'y envoie, a toujours approuvé à l'unanimité les rapports d'évaluation publiés (...)

Enfin il faut savoir que tous les "contre-arguments" qui se placent sur le terrain de la science sont connus depuis bien longtemps des scientifiques compétents puisqu'ils sont précisément examinés et discutés dans les rapports d'évaluation (...)

Tout au plus pouvons nous nous poser ces deux questions simples mais essentielles :
1. Plusieurs milliers de scientifiques de haut niveau, parfaitement respectés par ailleurs (ils comportent des Académiciens de très nombreux pays, par exemple...), ont-ils des raisons particulières de nous raconter sciemment des salades à l'occasion d'un tel cas de figure ? C'est doublement improbable :
- les résultats sur lesquels ils s'appuient sont parfaitement admis dans d'autres cadres,

- il n'y aurait pas de mobile au crime. L'argument de crier au loup pour avoir des crédits de recherche, entendu parfois, peut sembler recevable a priori, mais il se trouve qu'en Europe, c'est exactement le contraire qui se produit : plus le dossier semble solide, et plus la puissance publique a tendance a considérer que "on en sait assez comme cela et ce n'est pas la peine de financer d'autres recherches".

Au surplus, cet argument pourrait éventuellement fonctionner pour quelques personnes, mais que des milliers de chercheurs, qui sont des gens assez honnêtes par nature, issus de dizaines de disciplines différentes, aient cette même idée en tête en même temps semble totalement improbable. En tous cas, spéculer là-dessus pour penser que nous n'avons pas à nous faire de souci est un pari que je ne prendrais pas.

2. Que risque-t-on à ne pas les croire ? On risque d'y laisser une planète confortable, et la peau d'une fraction de nos descendants, ce qui n'est pas rien..."

Source: http://www.manicore.com/documentation/serre/GIEC.html

2.Posté par Jean-François DUMAS le 12/01/2012 20:10
Ce commentaire mérite une mise au point. Elle sera assez longue, je m’en excuse auprès de lecteurs pressés.
1°) Premièrement, je ne suis pas sceptique sur le réchauffement climatique dans la mesure où je pense qu’il semble bien qu’il y a eu depuis quelques années un réchauffement global de la planète, si tant est que l’on puisse parler de « température globale », notion qui pose problème pour certains thermodynamiciens. Il y a en tout cas de nombreuses observations concordantes qui forment un faisceau d’indices assez convaincants du moins pour la plupart des régions de l’Hémisphère nord.
Ce dont je doute, c’est des causes de ce réchauffement et des prédictions du GIEC quant à l’avenir du climat. Je doute donc que ce réchauffement soit dû pour l’essentiel à l’émission de gaz à effets de serre d’origine anthropique ou qu’il soit dû à des phénomènes cosmiques. Ce peut être le cas comme ne pas l’être. Je DOUTE donc je n’affirme ni que ce ne soit pas dû, ni que ce soit dû à telle ou telle cause ou combinaisons de causes. Il y a un voile d’incertitude que l’on ne pourra pas lever avant qu’il ne soit trop tard. Il faut agir en situation d’incertitude et non de certitude. Ce qui a des conséquences pratiques concrètes non négligeables sur ce qu’il faut faire et ne pas faire comme je pense l’avoir montré dans un autre article de ce blog intitulé « Pour éviter le pire »
2°) Moi non plus je n’aime pas l’obscurantisme et je pense qu’il est sain de confronter les idées. Mais le texte de Jancovici est l’exemple même du prêt-à-penser contre lequel je m’insurge. Je ne sais pas si le GIEC a raison ou tort, ce que je sais c’est qu’il y a des faits gênants qui cadrent mal avec ses prédictions notamment le découplage entre les courbes des émissions de CO2 et équivalents CO2 d’une part et l’évolution des températures moyennes qui marque un plateau d’autre part. J’ai d’ailleurs déjà écrit un article sur cette question sur mon blog. Je ne vois pas comment cette difficulté peut être connue « depuis bien longtemps des scientifiques compétents » puisque le début de ce plateau date de 1998 et que toute la question est de savoir s’il va durer et à quoi il est dû ! Ce qui n’est d’ailleurs discuté dans aucun des rapports quoi qu’en dise Jancovici et bien que cela fasse l’objet d’intenses échanges et articles de revues pour spécialistes. Par ailleurs, il y a de multiples problèmes épistémologiques comme par exemple la question de la valeur prédictive des modèles qui est véritablement discutable, celle du chaos déterministe, etc. (voir mes articles sur ce blog « une pause qui dérange » « Chaos déterministe et prévision du climat »)
Le scientisme est AUSSI une forme d’obscurantisme fort commune de nos jours.
L’obscurantisme, c’est aussi le principe d’autorité et le texte que tu cites n’y échappe pas. Bien plus, c’est son péché principal. On ne peut pas non plus se retrancher derrière l’unanimité dans le champ du savoir scientifique au risque de le transformer en simple opinion et le soustraire par là même du domaine du vrai et du faux qui n’est ni affaire de majorité, ni affaire d’unanimité. Un petit groupe peut être minoritaire et être plus proche de la vérité que la majorité. C’est d’ailleurs le cas dans bien des épisodes de l’histoire des sciences et pas seulement lors des « révolutions scientifiques » où là c’est flagrant et où il faut souvent attendre pour que la théorie de référence change la mise à la retraite des mandarins « scientifiques compétents » et autres « académiciens » qui occupent les positions stratégiques dans les organismes de recherche et ont le pouvoir sur cette recherche.
Surtout que dans le cas qui nous intéresse, l’obtention du consensus s’effectue parfois par des méthodes étranges. De toute façon, il faut se méfier de ces consensus. Les scientifiques éminents s’accordent parfois sur d’étranges thèses. Un peu d’histoire des sciences non hagiographique serait une composante intéressante dans l’éducation et permettrait aux gens d’avoir un peu de recul salutaire par rapport aux dires des scientifiques et experts. J’aimerai rappeler quelques éléments RECENTS de cette histoire à propos du climat.
- Tout au long du XXème siècle en France, les moyennes annuelles des températures maximales quotidiennes enregistrées indiquaient un refroidissement de 1,2°C. Les chercheurs compétents et même très compétents de Météo-France montraient que le changement climatique allait dans le sens d’un refroidissement. Après une « homogénéisation » des données on trouve désormais un réchauffement général jusqu’en 1998. (Voir les courbes dans mon article « Une pause qui dérange » sur ce blog et les références) Attention, d’un point de vue épistémologique, il n’y a rien à redire à ce toilettage tout à fait normal. Il faut simplement souligner que les températures qui figurent sur les courbes ne sont pas des données brutes mais des « constructs » et que rentrent une multitudes d’hypothèses pour les élaborer et les justifier. Et donc, qu’elles peuvent être aussi remises en doute. Car chaque fois que l’on s’éloigne des données brutes, si toutefois de telles données existent, on fait un pas et qui fait un pas peut faire un faux-pas.
- En 1975 la NOAA s’inquiétait du refroidissement de la Terre comme aujourd’hui, elle s’inquiète de son réchauffement. A cette époque les scientifiques compétents et académiciens s’accordaient sur cette tendance au refroidissement et ils étaient quasi-unanimes, comme aujourd’hui ils sont quasi-unanimes sur la tendance au réchauffement.
- En 1975 comme en 2012, les « scientifiques compétents » attribuaient les désordres climatiques et épisodes climatiques violents à l’évolution du climat mais à cette époque, c’était au REFROIDISSEMENT du climat. Ils prévoyaient des pénuries de nourritures et autres catastrophes à cause de ce refroidissement…
- En 1975 comme en 2012, les média fustigeaient l’incurie des « Politiques » incapables de prendre les mesures adéquates recommandées par les « scientifiques compétents » dont celle-ci : faire fondre la calotte glaciaire arctique en épandant de la suie sur la glace et les émissions de C02 étaient les bienvenues dans la mesure où elles semblaient pouvoir enrayer provisoirement ce refroidissement catastrophique quoique certains doutaient, comme aujourd’hui de leur efficacité… Assez vieux et déjà écolo, je m’en souviens bien et cela est d’ailleurs rappelé dans les histoires du climat.
- Une saga « le Monde des glaces » qui s’inspirait des prédictions sur ce nouvel âge glaciaire et qui se déroulait dans une URSS gelée a même eu un succès fous auprès des amateurs de romans de Science-Fiction….
On peut contester mon scepticisme sur les prédictions du GIEC et sur les causes qu’il attribue au réchauffement climatique – il n’est d’ailleurs pas aussi affirmatif que le disent les médias, accuser ce scepticisme d’être obscurantiste, certainement pas.

3°) Il y aurait encore beaucoup à dire sur ce texte de Jancovici. Une dernière chose : bien sûr qu’il y a des lobbies qui ont tout intérêt à mettre en relief les prédictions catastrophiques du GIEC : le CEA et autres nucléocrates. Regardons d’où parlent, c’est-à-dire depuis quelles institutions parlent, les ardents propagandistes des thèses du GIEC en France. Regardons la position de l’AIEA et enfin celle de Jancovici qui épouse les thèses énergétiques du CEA où le nucléaire garde un rôle de premier plan. On découvrira « les mobiles du crime » pour reprendre son expression. Je crois que les écologistes feraient bien d’être prudents sur ce sujet. Réaliser une transition énergétique sans nucléaire IMPOSE de recourir à des énergies fossiles. Evitons de renouveler l’erreur (pour ne pas dire la faute) des députés européens EELV qui, à l’exception de José Bové, ont voté un texte qui incluait le nucléaire dans le mix énergétique pour « lutter contre le réchauffement climatique »

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